| Régions : de Liard | Collectivités : Watson Lake |
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En 1942, des troupes américaines ont été affectées dans le Nord. Ayant peu ou pas de connaissances en ingénierie, elles se sont regroupées pour construire l’impossible en seulement 9 mois : 2400 km de route de la Colombie-Britannique à l’Alaska. Suivez le tracé de cette route historique grâce à des documents d’époque et aux témoignages de Timber, un soldat américain déployé au Yukon.
Faits saillants
Premier contact des équipes
Près de 11 000 soldats ont travaillé à la construction de la route de l’Alaska. Les équipes du nord et du sud se sont enfin rejointes le 24 septembre 1942 à un emplacement historique nommé Contact Creek.
« Des deux côtés du petit ruisseau, des soldats fous de joie rivalisaient pour déterminer qui pouvait crier le plus fort […] qui était arrivé le premier et qui avait construit le plus de kilomètres. [Traduction libre] »
Les soldats sont disparus depuis longtemps, mais les troupeaux de bisons qui se sont emparés de la route y sont bien présents.
Non loin de Contact Creek se trouve la ville de Watson Lake. Alors qu’il travaillait dans cette ville, Carl Lindley, un soldat américain souffrant du mal du pays, décida d’ajouter un panneau de sa ville natale à un poteau kilométrique de l’armée. Il instaura ainsi une tradition qui, partie d’un simple poteau, a donné naissance à la Forêt de panneaux indicateurs. Si vous regardez bien, vous pourriez peut-être y apercevoir un morceau de votre patelin.
Trouvez votre panneau
Continuez votre voyage sur la route de l’Alaska jusqu’à Jake’s Corner et faites un détour par la route d’approvisionnement de l’armée qui menait au poste de traite de Carcross. Pendant la Seconde Guerre mondiale, ce village, lieu d’habitation de la Première Nation Carcross/Tagish au cœur de la région des lacs du Sud, abritait un camp de ravitaillement pour les soldats qui arrivaient par le train de la White Pass.
Le bar de l’hôtel Caribou avec son célèbre piano à queue sont vite devenus le lieu de rendez-vous des soldats pour passer du bon temps. Certains régiments de soldats noirs n’étaient pas autorisés à entrer dans le bar, mais cela ne les a pas stoppés. Le piano est installé à l’extérieur, et des groupes se forment, donnant lieu à des spectacles musicaux dans la rue pour égayer les soldats épuisés.
Carcross est une porte d’entrée vers des aventures palpitantes pendant les mois d’été. Il faut découvrir les invitantes boutiques des Carcross Commons et les longues pistes de vélo de montagne pour voir que le bar de l’hôtel n’est pas le seul endroit où l’on peut prendre du bon temps.
Le test du véritable amour
« Alors qu’une violente tempête de neige arctique faisait rage à Beaver Creek […] dans les régions sauvages du Yukon, c’est à 16 h le dimanche 25 octobre que la construction de la route Alcan s’est officiellement terminée. » [Traduction libre]
La construction de la route étant enfin achevée, les soldats restent dans des camps en bordure de la route chemin et attendent les ordres qui pour rentrer chez eux. Avec la perspective d’un hiver obscur qui se profile, les lettres personnelles de Timber à Helen témoignent de ses frustrations.
« Mon Dieu, chérie, tu devrais voir comment c’est ici […] la nuit dernière, il a fait plus froid que jamais, et ce soir, nous nous préparons à une autre nuit pénible avec le vieux bonhomme Hiver aux commandes. » [Traduction libre] (2 novembre 1942)
En raison de violentes tempêtes de neige, la cérémonie d’inauguration de la route a été reportée au 20 novembre 1942. Selon les rapports, l’événement, qui réunissait 200 personnes, a été marqué par des vents en rafales à des températures de moins 15 degrés Celsius et plus froid encore. Aujourd’hui, vous pouvez faire une petite randonnée depuis la route jusqu’au mémorial du Sommet Soldiers. Profitez de la vue sans le vent glacial et observez la courbe de la route autour du magique lac Kluane.
Continuez ensuite vers le nord jusqu’à la dernière destination du soldat au Yukon, Beaver Creek, une excentrique petite localité où subsistent encore des vestiges de véhicules militaires abandonnés.
Apprivoiser le Yukon
De nombreux soldats qui travaillaient à la construction de la route de l’Alaska venaient du sud des États-Unis et n’avaient jamais connu un climat nordique glacial. Sur le dernier tronçon de la route, près de White River, les hommes ont éprouvé des difficultés à s’adapter au froid et à la glace. On trouve de nombreux récits d’exposition au froid nordique qui ont mal tourné.
« J’ai vu des outils, des chaînes, des hommes et même des camions glisser sur le flanc d’une colline plus vite que ne peut courir un homme. [Traduction libre] »
Timber envoie des photos de sa tente d’hiver à Helen, décrivant les douches de fortune et d’autres astuces comme la fabrication de sacs de couchage double en forme de momie et le rembourrage d’aiguilles de conifères dans les bottes. Ils doivent être particulièrement astucieux pour la préparation de mélanges d’essence dans des boîtes de conserve pour éviter que les moteurs gèlent.
De nos jours, les Yukonnais s’adaptent aux changements de saison sans sourciller et n’ont pas forcément besoin de faire appel au savoir-faire militaire. Si vous venez au Yukon et que vous avez besoin de matériel supplémentaire, de nombreux magasins locaux sont là pour vous dépanner.
Sujets de discussion
Il convient de souligner qu’un thème récurrent du livre est la ségrégation raciale pratiquée par l’armée américaine. Les soldats afro-américains travaillaient et vivaient séparément des autres soldats, disposant d’outils et de logements de qualité inférieure. Lorsque la route a été terminée, les régiments noirs ont été félicités pour leur contribution. Mais au-delà de la construction, leur travail a joué un rôle déterminant dans la déségrégation de l’armée américaine en 1948.
Maintenant que vous connaissez l’histoire, voici quelques questions pour vous et vos amis.
- Imaginez-vous dans la peau d’un jeune soldat envoyé au Yukon. À votre avis, comment arriveriez-vous à composer en étant sous pression dans un environnement inhospitalier et sans aucune expérience en ingénierie?
- Dans les années 1940, le seul moyen de communiquer avec les êtres chers restés au pays était par correspondance. Quel genre d’histoires partageriez-vous si vous preniez la plume?
- La construction de la route a ouvert des perspectives économiques et sociales prometteuses au Yukon, mais pour de nombreuses Premières Nations, elle a eu des effets dévastateurs sur leur mode de vie traditionnel. Pouvez-vous donner des exemples illustrant en quoi la vie était différente après la construction de la route?
