Ná t’sin t’ra – Faire preuve de respect envers tout
« Nous prenons soin de cette terre – les plantes, l’eau, l’air et les animaux – en la respectant et en la traitant comme un égal. »
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En juin, le Yukon s’illumine sous les premiers rayons de l’été. Ce mois marque également le Mois national de l’histoire autochtone, un moment privilégié pour célébrer la richesse des traditions et la vivacité culturelle des Premières Nations du territoire. Au-delà de ses paysages majestueux, le Yukon est un lieu incomparable pour entrer en résonance avec l’histoire bien vivante des peuples qui ont habité ces terres depuis des millénaires. Plongez avec respect dans les traditions qui façonnent l’âme du Yukon en visitant l’un des centres culturels, en prenant part à des activités animées, en admirant le savoir-faire artisanal local ou en vous laissant porter par les histoires des gardiens du savoir autochtone.
Pour souligner le Mois national de l’histoire autochtone, nous vous invitons à découvrir le témoignage inspirant de 8 personnalités remarquables. À travers le récit d’artistes perpétuant des savoir-faire ancestraux, de leaders ouvrant de nouveaux horizons, de gardiens du savoir transmettant une sagesse précieuse ou d’entrepreneurs façonnant un avenir prometteur, ces portraits révèlent la richesse des parcours humains qui animent un paysage culturel aussi vaste que complexe.
Pour se donner un brin d’énergie lorsqu’elle court sur l’un des nombreux sentiers du Yukon, Katelyn Dawson s’arrête parfois pour effleurer les arbres et les plantes sur son chemin. « On dirait qu’ils me donnent une tape dans la main et m’encouragent à continuer », raconte-t-elle en riant. C’est pourquoi elle préfère courir à l’extérieur. Katelyn Dawson est charpentière certifiée Sceau rouge, entraîneuse personnelle et coordonnatrice des services de proximité et de mieux-être jeunesse au sein de la Première Nation des Kwanlin Dün. Lorsqu’elle foule les sentiers du lac Fish, là où elle a grandi en pêchant, en cueillant des baies et en chassant l’orignal, elle se sent plus connectée à la terre, plus ancrée. « C’est une façon d’explorer des endroits, de voir de nouvelles choses. Lorsque je cours sur la terre, tous mes sens s’éveillent : je perçois chaque détail qui m’entoure, comme les animaux et le paysage. »
Plus qu’un simple lieu de loisir, ces sentiers représentent pour Katelyn Dawson un espace propice à la transmission du savoir. Elle y observe attentivement les plantes et cherche ensuite à en apprendre plus à leur sujet. Son rôle au sein de la Première Nation des Kwanlin Dün lui permet de prendre part à des camps culturels dans la région, afin de transmettre ses connaissances aux jeunes et leur montrer l’art de fileter le poisson, de poser et retirer les filets et de chasser. Elle s’est aussi inspirée du territoire pour son entreprise d’entraînement personnel. Elle s’efforce d’harmoniser l’entraînement physique avec des activités en plein air, afin que sa clientèle puisse explorer ce « subtil espace sacré » où se rencontrent sa culture et les savoirs occidentaux.
Le lac Fish est pour elle un espace de bien-être, où corps et esprit trouvent leur équilibre. C’est un lieu où elle peut se dépasser sur le plan physique par la course, mais aussi où elle peut avoir des échanges profonds avec ses amis. L’entraînement physique, avec ses hauts et ses bas, procure toute une gamme d’émotions et de leçons, un peu à l’image de la vie. Katelyn Dawson aspire à transmettre sa passion à ceux qui l’entourent.
« Il y a quelque chose de thérapeutique dans les montagnes », insiste-t-elle.
L’un des premiers souvenirs de Kyra Chambers remonte à l’époque où son père montait à cheval. Elle se souvient s’être endormie, une fois, installée sur la selle, bercée par les mouvements de l’animal. Cette expérience fut pour elle marquante. Aujourd’hui, elle est propriétaire et exploitante de Champagne Pack Trains. Elle possède un troupeau de chevaux de montagne, comme ceux dont elle rêvait enfant, et offre des excursions sur son territoire traditionnel. Le parc national Kluane est son lieu de prédilection, offrant des expériences adaptées aux visiteurs de tous les niveaux. C’est d’ailleurs une randonnée sur le sentier Cottonwood qui a inspiré la création de son entreprise.
Les excursions que propose Kyra Chambers, membre des Premières Nations de Champagne et d’Aishihik, mettent en valeur l’histoire de sa culture et les grands espaces de la région, ses champs verdoyants et ses montagnes à couper le souffle. Vous pourrez sans doute y apercevoir une faune riche, dont des grizzlis. Kyra Chambers a récemment trouvé un enregistrement de son défunt père, Frank Chambers, dans lequel il raconte son expérience de guide à l’âge de 18 ans, alors qu’il accompagnait des géologues dans cette même région, dans les années 1950. Ce moment lui a rappelé combien sa famille est enracinée depuis longtemps sur cette terre, et combien il lui revient désormais d’en transmettre l’héritage au reste du monde. « La première fois que j’ai écouté [cet enregistrement], j’ai eu l’impression de suivre le chemin que je devais emprunter, d’autant plus que les chevaux étaient si importants pour lui aussi, explique-t-elle. Je peux vivre mon rêve, et le sien aussi. »
Gary Sidney se décrit comme un incontournable de Carcross. Cela tient au fait qu’une grande partie des visites locales qu’il propose mettent en lumière la riche histoire du territoire et de ses habitants, d’une manière encore méconnue du grand public. Il cite la piste Chilkoot en exemple : « Ce sentier est glorifié par des récits de la Ruée vers l’or, mais notre histoire va au-delà de cela », déclare-t-il. Citoyen de la Première Nation de Carcross/Tagish, Gary Sidney prend plaisir à raconter aux visiteurs l’histoire des premiers habitants de ce territoire et les raisons de leur présence, tout en soulignant la différence entre le sentier qu’empruntaient les prospecteurs et les routes traditionnelles qu’il a lui-même parcourues le long du célèbre passage.
« Nous suivions des sentiers réfléchis, qui épousaient les reliefs et les lignes de crête. En contrebas des falaises longeant le sentier des prospecteurs, on aperçoit encore aujourd’hui des chariots renversés, des déchets et même des carcasses de chevaux, raconte-t-il. Notre sentier à nous faisait peut-être bien 100 km de plus, mais il était plus réfléchi. » Gary Sidney, aussi connu sous le nom de M. Carcross, ne propose pas de visites guidées à horaires fixes ni sur des thèmes précis. Toutefois, on le croise souvent à Haa Shagóon Hídi (maison de nos Ancêtres), où il discute volontiers des artistes en exposition au centre culturel, des clans de la région et de l’histoire derrière le nom Carcross (contraction de « Caribou Crossing »), un nom inspiré du passage massif des caribous, si intense autrefois, selon les Aînés, que la terre semblait trembler chaque matin à cinq heures. « C’était comme si la montagne respirait, ajoute-t-il. Il y avait tant de caribous, c’était comme si elle avait un pouls. »
Pour Blake Shaá’koon Lepine, artiste tlingit, cri et hän établi à Whitehorse, une marche en forêt équivaut à « magasiner des idées ». « Je suis toujours à l’affût », confie-t-il. Inspiré par la terre, il dit régulièrement constater des détails simples qui lui avaient échappé par le passé. Un regard plus attentif fait souvent naître une idée, qu’il développe ensuite à travers la sculpture, la bijouterie, la gravure, la peinture, et même l’herboristerie. Parmi ses savoirs, transmis par la nature elle-même dans la région de Carcross où sa famille est enracinée depuis des générations, figure l’usage du peuplier baumier pour fabriquer un onguent polyvalent contre la toux et le rhume, ainsi qu’une crème destinée à soulager les douleurs musculaires.
Blake Shaá’koon Lepine aime passer ses journées à marcher le long du chemin de fer en direction du lac Bennett ou de Whitehorse, ou à suivre la rivière jusqu’à la plage de Carcross. Pour lui, peu importe le lieu, l’essentiel est de rester attentif à ce qui nous entoure. « Nous sommes vraiment privilégiés et chanceux de vivre dans un lieu d’une telle beauté, entourés d’une telle nature sauvage. Je veux que les gens s’en inspirent, dit-il. J’ai l’impression que beaucoup de gens qui viennent ici vivent dans la jungle urbaine et n’ont jamais vu de nature sauvage comme ça auparavant. Mon seul souhait est qu’ils prennent un instant pour l’apprécier. »
Âgée de 65 ans, Grace Southwick a vécu dans diverses collectivités du Yukon. C’est pour cette raison qu’elle a élu domicile à Destrucion Bay, le meilleur endroit où vivre, selon elle. « Je ne suis peut-être pas objective, mais je pense que c’est le plus bel endroit de tout le Yukon, affirme-t-elle. Le paysage est tout simplement incroyable. Partout, la beauté des montagnes, des rivières et de lacs vous émerveille. Ici, on peut s’arrêter et entendre la nature sauvage. » Grace Southwick, citoyenne de la Première Nation de Kluane, est née près de Burwash Landing, sur les rives du lac Kluane. Après une carrière de 25 ans auprès de sa Première Nation, elle est maintenant retraitée. Elle consacre désormais son temps à faire du bénévolat à l’École Kluane Lake (elle jardine avec les 14 élèves de l’école) et à vivre pleinement en harmonie avec la terre qu’elle chérit.
L’une de ses activités préférées est la cueillette de baies. Pour préserver les écosystèmes, elle veille à varier les lieux où elle récolte canneberges, viornes comestibles et bleuets. Sa petite-fille, également nommée Grace, l’accompagne souvent dans ses sorties de cueillette, de pêche et de chasse.
Depuis sa maison à Destruction Bay, un hameau de 45 habitants, Grace Southwick a facilement accès à un port, ce qui lui permet de se rendre sur le plus grand lac du Yukon. Parfois, elle y passe la journée entière; d’autres fois, elle s’y rend simplement pour rejoindre sa cabane située à l’autre bout du lac Kluane. Elle n’a jamais été surprise de voir le tourisme s’épanouir dans sa communauté pittoresque entre mai et septembre, période qui coïncide avec l’ouverture du parc national Kluane, prisé pour la randonnée et le camping. « C’est un lieu incomparable, tout simplement majestueux », dit-elle.
Quiconque a visité Haines Junction a probablement eu l’occasion d’apprendre quelque chose grâce à John Fingland. Citoyen des Premières Nations de Champagne et d’Aishihik, il anime des discussions autour d’un feu de camp avec Parcs Canada au lac Kathleen, occupe le rôle d’interprète principal du patrimoine au Centre culturel Da Kų et n’hésite pas à improviser des visites guidées pour quiconque en visite au Yukon le lui demande.
« Je suis un fier représentant de ma Première Nation, explique-t-il. C’est difficile de dire non. »
Depuis 2010, il vit à Champagne, à environ 40 minutes à l’est de Haines Junction. Il aime faire découvrir son village à travers des visites guidées à pied. Il raconte comment les gens circulaient autrefois dans la région, pourquoi le village a été fondé, où trouver des ombres arctiques au printemps, et l’histoire des milliers d’éclats d’obsidienne, une roche qui servait autrefois de matière première pour fabriquer certains outils tranchants, il y a des millénaires, et qui se cache dans le sable de la région.
John Fingland se rend également chaque jour à Haines Junction pour travailler à l’école. Son groupe de musique joue au lac Pine le vendredi soir et il participe à la mise à l’eau d’un canot traditionnel tous les mercredis à 13 h, durant les mois d’été. « Tout le monde est invité à venir essayer le canot », dit-il. De nombreux visiteurs lui ont confié que l’expérience du canot, conçu par le maître sculpteur tlingit Wayne Price avec la participation de jeunes des Premières Nations de Champagne et d’Aishihik, a été le moment fort de leur voyage. Pour celles et ceux qui souhaitent faire un petit détour depuis Haines Junction, John Fingland recommande de suivre la route de Haines vers Haines, en Alaska, ou de continuer vers le nord sur la route de l’Alaska jusqu’à Silver City, pour voir le lac Kluane et le parc national Kluane.
« Il se passe de commentaires », ajoute-t-il à propos du parc, qui ne comporte aucune route et n’est accessible qu’à pied. « C’est le véritable joyau de la région et l’un des plus beaux endroits au monde. »
Margarata Sheyamdusti est profondément attachée à Carcross, même si elle vit actuellement à Whitehorse. « J’ai grandi là-bas et j’ai toujours été entourée de ma famille », explique-t-elle. Elle fait partie du clan kookhittaan et porte son nom tlingit. « Ma grand-mère enseignait la couture, la pêche et la cueillette de baies et de plantes médicinales. Je chéris profondément ces traditions. » Des traditions qu’elle s’est fait un devoir de perpétuer. Margarata Sheyamdusti, qui travaille pour la Première Nation Carcross/Tagish en tant que traductrice pour les jeunes, est actuellement inscrite à un programme à temps plein au Centre des langues autochtones du Yukon, où elle apprend le tlingit.
« Plus je m’immerge dans la langue, plus j’ai le sentiment qu’on m’en remet les clés », confie-t-elle à propos du programme, qui l’aide autant à comprendre la grammaire que le sens du tlingit. Dans ses temps libres, elle aime se rendre à Carcross pour visiter ses lieux préférés, comme le mont Nares, connu pour ses sentiers de randonnée, et le mont Montana, célèbre pour ses pistes étroites de vélo de montagne.
Pour Margarata Sheyamdusti, les paysages ne sont qu’un prétexte : ce qui la pousse à grimper en haut des montagnes, c’est avant tout la paix intérieure et le profond sentiment de connexion qu’elle ressent simplement en étant dehors, dans le Nord.
Lorsqu’on visite le Yukon, l’une des choses que l’on remarque, c’est la gentillesse des gens.
« Si vous êtes en quête d’activités, il y a de fortes chances que quelqu’un dans un restaurant ou un bar local ait une idée à vous proposer, explique Olivia Gatensby. Les habitués vous donneront quelques bons conseils. » Selon elle, cela est vrai même si vous ne correspondez pas au stéréotype de l’amateur de plein air que les gens associent souvent au Yukon. Olivia Gatensby, qui a grandi au territoire et qui travaille en communication pour la Première Nation des Kwanlin Dün, ne se décrit pas elle-même comme une grande adepte de sport. Pourtant, plusieurs de ses activités favorites se déroulent en plein air. Elle aime notamment se promener le long du sentier qui borde le fleuve Yukon, au cœur de Whitehorse, ou encore se baigner dans l’un des nombreux lacs de la région durant l’été, souvent jusqu’à tard pour savourer la lumière du soleil de minuit.
Pour elle, rien ne bat la scène culturelle à Whitehorse. Il y a toujours quelque chose à voir ou à faire au théâtre The Guild Hall, dans le quartier Porter Creek, ou encore à la salle de spectacle Lefty’s Well, au centre-ville. L’été est rythmé par une multitude de festivals et de concerts gratuits. En cas de doute, Olivia Gatensby rappelle de ne pas hésiter à demander aux gens pour des conseils.
« Ce qui rend le Yukon si particulier, c’est que bon nombre de ses habitants viennent d’ailleurs, explique-t-elle. Ici, l’entraide ne manque pas : les gens sont toujours prêts à tendre la main parce qu’ils ont souvent eux-mêmes été à votre place. »
Ná t’sin t’ra – Faire preuve de respect envers tout
« Nous prenons soin de cette terre – les plantes, l’eau, l’air et les animaux – en la respectant et en la traitant comme un égal. »
Apprenez-en plus sur la manière de voyager respectueusement